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Les petits bouquins d'Hime-Chan
25 décembre 2013

Cadôôôôô !

Voilà votre joli cadeau, mes amis ! L'épisode très spécial n°10 de Lumière et Ténèbres ! Ecrit en direct avec mon très cher collègue Le voyageur internautique. La classe, non ? Allez, le voilà ! Il est très long, désolé >.<

« Qu'est-ce que tu me dis, les Cerbères n'ont pas réagit quand tu es passée. Tu es certaine Isophéna... 

 - Je suis formelle, ils semblaient comme anesthésiés, j'ai même sacrifié une Nokomis. Je l'ai jetée dans leur pattes, ils leur a fallu un temps infini avant de s'en délecter !

 - Qui possède un tel pouvoir ? Kaos me joue-t-il un de ses tours pendables ? Je vais le détruire ! De toute façon je n'ai plus besoin de lui. Ça ne peut être que cet imbécile, il est le seul à avoir un tel pouvoir... Allonge toi près de moi, j'ai besoin de me nourrir, j'aime à goûter le sang qui coule en toi, approche...

 - Maître, je sens une présence, mon corps ne réagit pas normalement, je reconnais cette odeur... Attendez ne mordez pas encore en moi, il me faut toute ma conscience pour trouver d'où peut venir cette sensation...

 - Qui veux-tu qui puisse pénétrer en mes terres de ténèbres ? Es-tu idiote ! Délace ton corsage que je boive en toi...

 - Je sais à qui appartiens cette odeur, ce sont des nuances qui maintenant sont en moi, elles font parties de moi...

 - Tu sembles hésiter que me caches-tu ? Quel pacte as-tu fait et avec quelle montreuse bête immonde t'es tu encore couchée ?

 - Non, ne buvez pas tant... plus doucement, vous allez trop vite, je ne me suis pas nourrie suffisamment pour que vous plongiez en moi de cette façon... Non maître...

 - Tais-toi et laisse-moi me délecter... Comme ton odeur est douce, agréable, onctueuse, plus suave tu es devenue. D'où peut bien te venir ce goût délicat ? »

 

        Un long frisson passe le long de ma colonne vertébrale. Alors c'est cela, l'antre de Nox. Un labyrinthe de boyaux sombres, humides et froids. C'est répugnant, et pourtant il s'en dégage une mystérieuse attraction... Un grondement incertain résonne tout autour de moi. Les ténèbres glissent sur ma peau et s'affolent à mon contact. J'ai la douloureuse impression qu'elles lancent un message à leur maître, et que l'esprit de la nuit saura bien vite que je me suis introduite chez lui. Les Gardiens n'ont pu lui souffler cette information, mais les Nokomis savent-elles voir au plus profond de l'ombre ? Moi, je ne distingue que le noir, le noir infini. Comme son cœur. Je m'avance encore, guidée par mon seul instinct. Oui, je le sens. Tout près. Son âme m'attire comme un aimant. Mais il n'est pas seul. Isophéna, sans doute. Sa plus dévouée servante. La seule qui ait une véritable conscience. Les autres ne sont guidées que par leur sauvagerie et leur nature. Isophéna... la seule qui mérite d'être sauvée.

 

« Débarrasse-moi de ce corps inutile, et alerte les autres gardiens des ténèbres, il y a quelqu'un ou quelque chose que la lumière noire n'arrive pas à absorber. »

 

 

Oui, il a senti ma présence. Le mugissement de l'ombre emplit désormais mes tympans. Mon cœur a ressenti autre chose, cependant, une souffrance atroce émanant d'un être faible, et puis un doute, une doute immense. Un sourire vient se dessiner sur mes lèvres. Tu a compris, Nox. J'ai une part d'ombre, mais tu as maintenant une part de lumière ! Ma course folle dans les couloirs de ta demeure m'a menée si près de toi que ta colère me traverse de part en part. La porte de ton caveau est à portée de main... Elle s'ouvre avec un bruit étrange qui me brise l'âme, celui du destin qui se met en marche. Mes pas sont lents, profonds, chargés de volonté. Je sens ton souffle qui se brise à ma vue. Tu me vois. Oui, tu me vois. Mais moi je ne peux te regarder. T'admirer. Es-tu beau ? Laid ? Je n'en sais rien. Et cette ignorance me tue. Je voudrais pouvoir allumer un brasier pour ne serait-ce qu'effleurer des yeux ta silhouette, mais j'ai trop peur de t'éblouir ou de te faire du mal. Car je dois te parler, je dois quand même te laisser une chance. Même si c'est la dernière et qu'elle peut me perdre...

 

«  Chiens des enfers, que la glaise vous engendre, venez absorber la pauvre Lux, dévorez sa lumière, repaissez-vous immondices parmi les immondices, pourritures de la terre, émergez de la poussière. Montrez vos incisives acérées, que la boue soit votre matrice, qu'elle vous engendre ! Que maintenant la faim règne en votre panse, il est temps de nourrir la force qui va me permettre de faire ployer celui qui me nargue depuis si longtemps...

 

                                                           … Le parle-être, langue des enfers qui crée ex nihilo la terreur, ne peut être perçu par toi pauvre Lux ! Ma voix n'est, elle aussi, que ténèbres quand je le veux. Elle résonne et se propage dans le sol, je parle ainsi aux miens. Comment peux-tu lutter ? Tu es là prise au piège, démunie, ta candeur en est même risible. Tu comptais sur ton innocence pour m'attendrir...

 

… Mais qu'est-ce cela ? Il y a là quelque chose qui échappe à ma perspicacité ! Lux, je devine en toi une part de ténèbres... Tu es si semblable à moi, ce n'est pas possible, qui es-tu vraiment ?...

 

                         … Arrière fauves ! Regarde-moi Lux, je dois voir tes yeux, de mon œil il me faut contempler ton visage... Je jette bas ce voile qui me recouvre. Laisse moi plonger en toi, je veux connaître cette part d'ombre qui t'habite. Tu t'es perdue ici, mais que viens-tu chercher ? Tu as offert ta raison aux Nokomis ... Ne pose pas tes yeux ainsi sur moi, tu... Comment puis-je combattre ce qui est moi-même en toi... Parle-moi, dis quelque chose ! »

« Nox... Je t'ai cherché si longtemps... »

Ma voix n'est qu'un soupir. Je dévore des yeux ton visage. Tu ne ressembles pas aux hommes comme je leur ressemble. Tu n'es qu'une ombre qui a pris la forme d'un esprit. Tes prunelles blanches comme la neige me transpercent. Tu es laid. Silhouette difforme et torturée. Mais ton regard, lui, est magnifique, comme un voile transparent qui se dépose sur mes blessures. Une douleur horrible me retourne les entrailles. Le court poignard de lumière que je tenais si fermement il y a quelques secondes vacille entre mes doigts. Il s'écrase dans la terre meuble et sa brûlante énergie est aussitôt dévorée par les Cerbères. Les Chiens de l'Enfer se sont couchés à mes pieds, apprivoisés par l'ancien chant que je leur ai murmuré plus tôt. Comment ? Comment te tuer, toi que j'aime ? Tu veux voir mes yeux. Tu veux que je te parle. Mais si je dis quelque chose, si je plonge dans les abysses infinies que sont tes prunelles, esprit contraire, je me perdrais. Je ne dois pas faiblir. Je te ferai toi aussi plonger dans mes filets, Nox. Avant de t'anéantir. Je baisse donc ma tête pour ne plus croiser l'incandescence de ton regard.

 

« Il est des choses que je ne peux pardonner, esprit de la nuit. »

 

Ma voix est rauque. Mon cœur lourd.

 

« Que tu t'en prennes au Soleil, Nox, je peux le tolérer. Tu ne seras jamais assez fort pour ébranler sa puissance. Que tu me fasses mal ou m’enchaînes à une terre, je peux l'excuser. Mais ne commets plus jamais l'erreur de toucher au peuple Hopi. Je veux pouvoir oublier le fléau que tu as lancé sur eux, mais il n'en sera jamais ainsi. Nox, je ne souhaite que la concorde entre nous ! Cesse ces enfantillages et chasse ta soif de pouvoir : n'es-tu pas déjà assez monstrueux ? Mais... qui... qui est-ce ? »

 

J'ai aperçu la forme couché dans le fond de la caverne. Une toute petite forme recroquevillée, à peine animée par un souffle de vie. Je me précipite avant que tu aies pu faire quoi que ce soit. Isophéna respire péniblement. De mes lèvres tremblantes de peur et de rage sortent quelques mots :

 

« Es-tu assez fou, Nox, pour tuer l'une de tes plus précieuses alliées ? Pour anéantir la vie de celle qui fut ta plus fidèle servante ? Cruel ! Tu la fais souffrir plus que moi encore ! Pourquoi ? Pourquoi lui as-tu pris sa force ? »

 

Il s'avance.

 

« Réponds, Nox ! Répugnante créature, réponds ! »

 

« Œil cesse de voir en moi, tu crois savoir mais tu ne sais rien. Tu es ce que je ne peux pas détruire, puisque nous sommes toi et moi identiques. Nous sommes nés du même ventre, celui qui nous a porté a fait de moi l'ombre comme il a fait de toi la lumière. Il s'en est fallu de peu que tu fus la noirceur. Je suis né après toi voilà tout ce qui nous différencie. Et une dernière chose aussi : je suis celui qui a détruis la matrice qui nous a nourris car tel était le destin du dernier né. Je vois que la terre noire n'a plus d'effet néfaste sur toi, je ne sais quel est ce prodige. Tu as fait plier mes chiens, ils ronronnent tels de vulgaires chatons à tes pieds. Tu as endormi les Cerbères en les berçant de ton chant comme on endort de petits enfants. Tu as ce pouvoir qui est en toi, car je suis celui qui murmure aux entrailles de la terre...

… Je sais l'arme que tu caches et qui me perdra, mais je n'ai pas peur. Je suis ce qui doit être : la noirceur. Isophéna t'est toute entière dévouée. Je l'ai senti en elle, car son cœur a été emporté par ta beauté, tu pourras faire d'elle ce que tu veux. Esclave ou assassin servile, ou encore ce que tu désires, peu m'importe. Je te l'offre en cadeau d'anniversaire. Saches que tu es aussi belle que je suis affreux. Mais saches aussi que dans ma monstruosité il y a ta beauté, ne l'oublie jamais. Mon seul espoir était que tu fus morte, que jamais tu aies pu survivre à la force des éléments qui se sont déchaînés lors de ta naissance. Crois-tu que celui que je ne saurais nommer n'a pas tout fait pour nous anéantir ? Il te garde auprès de lui, non par amour mais par crainte. Je ne t'apprends rien, sinon tu ne te serais pas éloigné de lui pour venir à ma rencontre. Il a su te cacher de moi, il a manœuvré finement et je découvre sa félonie bien trop tard. Comment pourrais-je te détruire, sans me détruire moi-même ! Nous sommes faits l'un de l'autre, mais comme des contraires. Jamais nous ne pourrons exister ensemble sans nous anéantir. Ne t'approche pas plus, la force qui t'attire vers moi, n'est que décrépitude. Laisse-moi devenir glaise, il ne sert à rien de vouloir me massacrer. Le mal est aussi le mal qui te fait être lumière au sein du monde. Ne fais pas cette erreur, mon sort est scellé mais toi tu peux encore quitter ces ténèbres...

 

…  Pauvre Lux tu ne pouvais pas plus le deviner que je ne le pouvais moi-même. Nos sorts son liés. Il te faut choisir : Me détruire et par cet acte te détruire toi-même. Et le monde ira se perdre pour un ailleurs où tes Hopis perdront leur âme. Car de notre anéantissement surgira un ordre nouveau. Nous sommes la matrice que nous avons détruite en venant au monde. Ou bien tu arrives à vivre avec ta part d'ombre et tu m'abandonnes à mon destin. Mais dans ce cas, tu feras un cadeau empoisonné aux humains. En venant en ce lieu tu as inoculé en moi une part de lumière, de vie qui fait que ce royaume de la totalité obscure n'est plus le mien. Tu a fait de moi un être de la nuit, qui va hanter ce monde. Les hommes apprendront à connaître le règne de celui qui se nourrit de sang. Mon nouveau royaume sera celui des tombeaux. A chaque nuit de pleine lune, de mon cadavre renaîtra éternellement la bête assoiffée de sang. Je courrai le monde pour oublier ta beauté et retrouver ta saveur dans le sang humain. Tu as enfoui en moi suffisamment de toi pour me donner la force de renaître à la lumière de l'astre sélène. Ma très chère Lux en voulant connaître l'amour tu as créé le chaos. Je pars, fais ce que bon te semblera... Je vous laisse deviser toutes les deux. Quand Isophéna sera rétablie, et je sais que c'est en ton pouvoir, vous aurez certainement beaucoup de choses à vous raconter ! »

 

Sa voix dans ma tête... Je ne veux pas le reconnaître, mais je sais qu'il a raison. Alors je l'ai cherché pour rien... Il s'éloigne et rejoint les ténèbres. Je suis tentée de hurler pour le retenir. Mais... Je ne peux pas. Je dois partir. Emmener Isophéna avec moi. L'oublier. Mais le pourrais-je jamais ? Déjà elle s'éveille...

 

« Où est Nox mon maître ? C'est toi qui l'a détruit, je ne sens plus sa présence... Laisse-moi, je peux me débrouiller seule, il suffit que je... Mon sang coagule, je suffoque, mes membres se crispent, hum... Ah, mes yeux, ils s'enfoncent... Ma tête va éclater... »

 

« N'aie pas peur, mon amie, je n'ai pas touché à ton maître... Je l'aime trop pour cela, et il sait trouver les mots pour corrompre les cœurs. Ne t'agite pas ainsi, tu te vides de ton sang... »

 

Mes paumes sur sa poitrine lui insuffle l'énergie qu'il lui faut. Je pleure. Mes larmes d'or se perdent sur son petit visage, sur le visage de celle qui a été trahie. Il ne reviendra jamais la chercher. Et ceci, je ne veux pas le lui avouer. Prends ma vie, jolie fée, et continue de voler. Mais je t'en supplie, arrête de penser à lui. Ton amour n'aura pas plus de réponse que le mien. Moi, je ne veux plus être... Prends ! Prends-la, cette vie que je hais à présent ! Vis, et laisse moi mourir...

 

« Lux, tu te vides de ta substance, tout passe en moi, tu es folle... Ou bien désespérée ! Lux  pauvre idiote ! Si c'est là ton choix, il me convient. Puisque tu as décidé d'en finir, écoute ces paroles, qu'elles viennent jusqu'à toi dans ton dernier souffle, qu'elles emplissent ton cœur de  misère et que la plus noire des nuits soit celle dans laquelle tu as choisi de quitter ce monde de ténèbres. Lux tu n'as vu en Nox qu'un monstre hideux et difforme, mais comment as-tu pu croire qu'il allait en être autrement ? Tu es descendue dans le monde de la décrépitude où là, même la lumière se désespère. Tout ce que tu vois est ce que les ténèbres veulent te montrer. Tu as vu ce que tu as voulu voir : Nox comme une monstrueuse créature. Et les ténèbres ont contenté ton souhait. Je te laisse à ton destin, meurt puisque tu le veux... 

 

… Lux, pourquoi as tu fait ça pour moi... Je ne peux plus te laisser, ma volonté n'est plus aussi forte, le mal ma seule ligne de conduite... Lux, arrête, je ne veux pas que tu meurs, tu as mis en moi une force nouvelle, et je ne sais pas ce que je suis devenue, ne m'abandonne pas. Je vais te nourrir à mon tour, te faire don de mon sang, bois, bois encore...

 

… Tu vas connaître les ténèbres toi aussi. Tu vas enfin découvrir par toi même ce qu'il en est de ce monde que tu as honni. »

 

Non ! Non, arrête ! Que fais-tu Isophéna ? Non, je ne veux pas de ton sang ! Je ne veux pas devenir lui : je suis bien assez ténébreuse ainsi ! Mais... mais ce goût... cette puissance... comment Nox a-t-il pu résister à cela si longtemps ? Comment a-t-il fait pour ne pas te vider de ta substance, délicieuse fée ? Je... non, il faut que je m'arrête. Mes lèvres sont rouges. Je les essuie. Tu me regardes. Dans tes yeux je vois la haine et l'amour se mélanger. Isophéna, toi qu'il a chéri... Je te protégerai. Toute envie de mort a disparue de moi. Il faut que je continue à vivre. Pour toi, pour les Hoppis. Je me relève, te prends dans mes bras. Tu es encore trop faible. Peu importe les paroles détestables que tu m'as dites. Je te guiderai vers la lumière. Le soleil l'éblouit quelque peu lorsque nous sortons. C'est déjà le matin. La tempête est passée. J'ai mis tant de temps ? Les rayons de mon époux caressent ma peau. Mais la caresse se transforme en morsure, et une brûlure atroce meurtrit ma chair. Ah, tu es en colère, n'est ce pas ? Il m'a révélé la vérité ! Il m'a dit pourquoi tu avais fait de moi ta femme ! Eh bien déverse ta fureur sur moi, magnifique astre, mais oublie le pardon. Jamais, jamais je ne t'excuserais de ce que tu as fait. Je dépose délicatement la fée à terre. Ma bouche s'ouvre en grand et, pour que tous puissent entendre, je hurle :

 

« Dieu Soleil ! Ta trahison sera gravée à jamais sur ma peau ! Elle deviendra mienne, tu rejetteras la faute sur moi, mais je sais que Nox a raison. Ah, qu'il a de la chance de pouvoir rester dans l'ombre, à l'abri de ta mesquinerie ! Je comprends enfin pourquoi je l'aime Et quoi qu'il puisse dire, je ne suis pas la plus chanceuse des deux ! »

 

Mes paroles résonnent dans l'espace vide de la plaine. La lumière joue sur mon corps. J'ai mal, si mal... La douleur se répand comme une vague, j'ai l'impression que l'on grave au couteau des choses sur mes bras et mon torse... Je tombe. La voix de mon mari sonne dans ma tête comme le glas : " Répugnante créature, tu te rebelles à présent ? Eh bien, garde la marque de ''ma'' trahison sur ta peau, comme tu le dis si bien... "

 

<< J'ai perdu encore connaissance, c'est devenu une habitude. Que c'est il donc passé ? La lumière... Lux est-elle morte ? Douce quiétude, agréable chaleur... Ce sont ses bras qui me portent ! Nous avons quitté le royaume de la nuit pour retourner à la lumière. Lux que fais-tu ?...

 

... Lux, écoute moi, par pitié. Il faut que tu saches quelque chose... Lux regarde-moi, détourne ton visage de la lumière. Lux !.. Lux !... Voilà pose ton regard sur moi, j'ai besoin de tes yeux pour pouvoir te dire ce que j'ai a te révéler... Pourras-tu à jamais me pardonner ? Mais avant tout, Lux, détournes-toi de l'astre solaire... il le faut ! » 

 

« Que dis-tu ? Je n'entends pas... mes paupières sont lourdes... des lignes de feu sont tracés sur mon corps... Que dis-tu, douce Isophéna ? Son rugissement de colère et de joie malsaine me rend sourde... Isophéna... Je t'en supplie... Mène moi loin de lui... il me fait peur... Je t'en prie... Aide-moi... »

 

« Viens dans ma demeure, elle est sous l'emprise des ténèbres, elle est une part de mon être. Suis moi, ce n'est pas loin. Tu la connais d'ailleurs très bien, tu es si souvent passée si près de moi, que ton odeur, ta saveur m'ont enivrées ! Il faut suivre la piste indienne qui mène au village Hoppis. Il faudra être très discrète, leur nouveau sorcier est redoutable. Il est encore plus puissant que Otoahnacto. Sais-tu que tu lui dois beaucoup, c'est en partie grâce à lui que Nox a été réduit à l'impuissance... Nous y sommes presque. Il va falloir se glisser par les passages sombres, nous arrivons ainsi sous la hutte de Poosi. C'est là que je me suis cachée bien souvent. Sais-tu Lux que je suis jalouse de toi ? De ton pouvoir sur Nox. Tu l'ignores, mais il est sous ton emprise. Je ne sais pas pour quelle raison, pour moi c'est une énigme. Il y a entre vous un lien qui échappe à mon pouvoir. Il a tellement voulu ta perte et il a tellement fait ce qu'il fallait pour tout faire rater. On aurait pu croire qu'il le faisait exprès !... Accroche-toi à moi maintenant car tu n'as pas encore été imprégnée suffisamment du pouvoir de l'ombre. Voici mon antre, et voici ma couche. Allonge-toi là et repose-toi. Tu as été affaiblie par le force solaire ! Bois encore un peu de mon sang, tu peux, n'ait crainte... »

 

 

Je suis si bien au creux de tes ténèbres, Isophéna... Comme dans le ventre d'une mère... Tu veilles sur moi, n'est-ce-pas ? Merci... Je vois dans tes yeux horrifiés que mes membres sont marqués à jamais. Le tatouage qui enserre ma peau me fait mal, mais je sais qu'il est mérité. Comment ai-je pu croire que je pouvais défier l'Astre Solaire ? Ma punition est dure. Pourtant, je sais que je ne reverrai pas les Hoppis avant longtemps. Ils vont atrocement me manquer. Et pourtant, quelque chose est en train de les remplacer dans mon cœur. Quelque chose qui ne cesse de grandir en moi. Un sourire étire mes lèvres. Alors il m'a laissé un présent... Il pense que je vais rester sans rien faire ? Imbécile de Nox ! Je ne le laisserai jamais souffrir seul dans la nuit ! Non, je sais ce que je vais faire. Il a besoin de la lumière à présent, et moi de l'ombre. Qu'il en soit ainsi...

 

 

« Isophéna... approche... j'ai quelque chose à te dire... Ton maître... sera heureux... approche... que je te révèle mon plan... »

 

 

Et je sais que je ressemble trop à Nox en ce moment. Je le lis dans ses yeux. Qu'importe. J'ai trouvé la tâche que je veux mener à bien.

 

« Lux écoute moi d'abord ! Il faut que je te révèle ce que j'ai sur le cœur ! Ce que j'ai fait je le referai car je n'ai pas eu d'autre choix. Mais en te donnant mon sang, en te nourrissant, je t'ai offert ma noirceur. Si la lumière du soleil t'a marquée de cette façon, il n'y est pas pour grand chose. Il ne sait pas, il ne peut pas deviner ce qui t'es arrivée. Il ne sait même pas que son pouvoir est aveugle. Il frappe sans discernement. Il peut anéantir ses pires ennemis comme ceux qui pourraient lui être utiles. Mais son pouvoir est tel, qu'il n'a que faire de la force des autres. Longtemps j'ai essayé de dissuader Nox de vouloir se confronter à celui qui a fait de toi son esclave. Sa puissance est sans limite... Lux j'ai tellement peur de te décevoir que les mots restent enfouis au fond de moi. Ma bouche se dessèche comme s'il s'agissait de ma propre destruction... Pourtant il me faut te révéler que de t'avoir sauvée t'as en même temps perdue. Tu vas bientôt ressentir le manque. Tu vas avoir un faim insatiable. Tu voudras te nourrir de moi, mais ça ne te suffira pas. Tu pourras me vider de mon sang si tel est ton désir, car je suis si proche de toi, maintenant que peu m'importe. Mais en aucune façon cela ne te satisfera, il te faudra du sang humain. Tout comme moi, tu es condamnée à aimer ce sang, il est ta seule chance de survie ! Puisses-tu me pardonner à jamais ce triste présent que je t'ai fait... »

 

« Je sais, chère Isophéna... J'ai compris tout cela. Mon amie, m'écoutes-tu ? Je te pardonne. Je sais... je sais que la rédemption m'est interdite. Mais Nox, lui, qui n'a connu que le froid et la nuit, il a droit au bonheur. Il m'a dit qu'il était celui qui avait été choisi pour souffrir. Je voudrais pouvoir lui offrir un peu de ce qu'on m'a donné. Alors j'irai voir le Soleil. Je lui dirai de faire de moi l'Esprit de la Nuit, et de donner ma place à Nox. J'ai peur... peur de ces ténèbres qui m'ouvrent les bras mais... je sais que tu seras là à mes côtés... Isophéna... Pourquoi ai-je si froid ? Pourquoi la soif me broie-t-elle l'estomac ? J'ai mal... Si mal... Oh, Isophéna, je t'en supplie, abreuve moi encore... La soif... est... »

 

 

Je ne peux presque plus parler. Pourquoi ? Pourquoi ?

 

« Encore... une... dernière chose... avant que je sombre dans le sommeil, douce fée. Ton maître... m'a fait cadeau d'une chose merveilleuse... Les Hopis sont ma progéniture et seulement la mienne, quoi qu'en dise le Soleil... mais... la vie est une chose que l'on peut aussi donner à deux... L'ombre a insufflé en moi l'âme d'un petit être... Isophéna... Il naîtra bientôt... »

 

Mes yeux se ferment et je me sens partir.

 

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Commentaires
O
Un peu tardivement, je le reconnais, mais vieux routard que jamais, je m'associe à ma coécritureuse pour ajouter un grand merci pour ce commentaire...<br /> <br /> Et roule la fortune et tourne la citadelle, que les portes ouvrant enfin sur l'Ouessant prennent un peu la couleur des embruns...<br /> <br /> Et une bise à tous les deux
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S
Avec plaisir ! ;)
Répondre
S
Ecrit en direct ? Effectivement la classe !!! :lol:<br /> <br /> En tout cas, ça vous réussit parce que c'est super bien écrit !! Les descriptions sont bien, elles prennent le temps, et même si ce n'est pas si addictif, on rentre facilement dans le monde que vous avez créé. Bravo à vous 2 ! ;)
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