Un appel
La poésie est un moyen de laisser exprimer sa peur, sa haine, sa colère, sa rebellion. Je ne peux que l'écrire, puisque mes cris et ma révolte ne sont entendus que par ceux qui sont impuissants. J'espère que vous écouterez mon appel...
Cris
Douleurs
Sangs
Une nation qui étouffe
Sous le poids des horreurs
La chair qui brûle
Les veines qui jaillissent
La peau qui se déchire
Les moyens sont infinis
Pour cracher le mensonge
A la face du peuple.
Et toi qui voudrais parler,
Qui voudrais hurler,
Entre les lèvres cousues de ta liberté,
Tu étrangles un râle d'agonie.
Et moi qui voudrais m'opposer,
Qui voudrais m'indigner,
Derrière la peur qui me couvre les yeux,
J'observe.
Mais comment faire
Quand personne ne veut voir
L'injustice
La haine
L'intolérance
La violence
Et tous ces maux
Qui dévorent notre monde.
__
Je
Ils ont cru pouvoir m'enchaîner au fond de leur coeur.
Ils ont cherché à me faire taire, à m'étouffer, à me tuer.
Ils ont vainement essayé de lutter, ces entêtés,
Ils ont tenté de me cadenasser sous leur peur.
Quels imbéciles ! Ils savent pourtant que je suis leur héritage,
Que jamais ils ne se déferont de mon étreinte fatale !
Je suis le sentiment de la bête, de l'immonde animal,
Cette nature, qui les guide, cette haine, cette rage.
Oui, je suis cette violence, cette colère !
Je mène tous les hommes à la guerre
Où ma fureur les broie.
Tu me refuses, jeune ignorant...
Ne sais-tu pas, mon innocent,
Que les hommes n'écoutent que moi ?
__
Liberté, te souviens-tu du temps
Où nous te possédions encore ?
Liberté, te rapelles-tu les heures
Passées à honorer ton nom ?
Liberté, je t'ai perdue.
Liberté, je ne vois plus rien.
Je suis aveugle car ta lumière
N'éclaire plus mon chemin.
Liberté, ils m'ont enfermée
Je suis prisonnière d'une cage
Si grande que je n'en distingue
Plus les limites. Mais une prison.
Reste une prison. Et j'ai peur.
Liberté, ils m'ont forcée.
Je n'entends plus que leur voix
Qui répète en boucle les mêmes mots,
Les mêmes idées, les mêmes discours,
Les mêmes erreurs.
Liberté, ils t'ont blessée.
Ton sang s'écoule de ma plaie.
J'ai mal de te voir mourir
Sous leurs coups assassins.
Il est loin le temps où l'on pouvait
Ecrire ton nom n'importe où
Sans réveiller la colère d'un peuple embrigadé.
Liberté, tu me manques.
Ton silence et ta beauté
Sont absents de cette dimension bruyante
Où je me débats aveuglément.
Liberté
__
Funeste destin que celui des hommes
Qui ne savent pas où ils vont
Où leur folie les entraîne
Car la douleur
Dont ils se plaignent
Car la souffrance
Dont ils s'indignent
Est leur création
Le rêve s'étend
Ou plutôt
Le cauchemar
Mais cette fois
Pas moyen de se réveiller
J'ai peur
D'eux
Je tremble
Car je sais qu'ils vont tout briser
Et dans mon optimisme d'enfant
J'ai encore l'espoir qu'ils laissent s'enfuir la haine
Et qu'ils accueillent l'amour
Tolérance et bienveillance
Dans un royaume de paix
Une utopie
Que je garde dans mon âme
Comme un paradis caché
Qu'ils ne trouveront pas
Les larmes sont aussi amères
Que le sang qu'ils répandent
Et je connais leurs pensées
Leur égoïsme, leur cruauté
Leur peur, leur fureur
J'ai peur
D'eux
J'aimerais qu'ils me protègent
Ils ne font que s'entretuer
Cette femme qui hurle
Cet enfant qui meurt
Cet homme qui brûle
Et cette foule qui se voile la face
Sont les symboles de notre existence
La chair tendre des innocents
Est si facile à broyer
Leur gorge
Si agréable à enserrer
Ceux qui nous dirigent
Et nous oppriment
Prennent plaisir à étouffer
Nos cris
Et à observer
Nos agonies
J'ai peur
D'eux
Soulève-toi
Frère de pensée
Emmène-moi
Sœur d'esprit
Ensemble nous changerons le monde
Vous verrez
Nous saurons renverser l'ordre
Mais pour cela
Il faut y croire
Enfant, écoute-moi
Il faut y croire