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Les petits bouquins d'Hime-Chan
29 août 2014

Medea, de Bernard Safran

Salut les gens !

Me voilà revenue d’un magnifique voyage en Irlande, que je n’aurais jamais le temps de vous raconter en entier. Juste, je dédicace ce message à Roxanne, Margaux, Lena, Farah, Aude, vous êtes géniales les filles, même si vous ne lirez jamais ce message. L’Irlande avait une autre saveur avec vous. :3

Je suis en train de lire « Nos étoiles contraires », de John Green, mais en anglais. Ça donne « The fault in our stars », et c’est magnifique. Si j’ai l’autorisation d’Aristed, j’en ferai une chronique. Sinon, allez voir sur son blog, il en a fait une pas mal.

Bon, sinon, niveau écriture, j’ai écrit pas mal de poèmes en Irlande, mais ça rend une bouillie absurde sans queue ni tête, du coup je pense que je vais les mettre dans les Elans poétiques, parce que certains sont beaux mais ne veulent absolument rien dire. Je déteste m’emmêler les mots… --‘’

Comme je l’ai dit en réponse au commentaire d’Aristed sur « La dissection de l’étoile jaune », je vais réécrire cette nouvelle, car elle ne me satisfait absolument pas. Je suis frustrée. Alors je vais la travailler, et je le republierai plus tard.

Les vacances m’ont redonné la pêche, et normalement la rentrée ne devrait pas être trop chargée, alors je vais essayer de poster pas mal. J’ai bien dit, je vais essayer. ;)

 

Donc, en résumé, bientôt, vous devez vous attendre à :

 - une chronique, que j’écrirai si j’ai l’autorisation d’Aristed et dès que j’aurai fini le livre (spoilez pas je vous en supplie !!!!!!)

 - une nouvelle remasterisée

 - une mise à jour des Elans poétiques

 - et peut être un concours sur les oiseaux

 

Bon, le point, c’est fait. Maintenant, revenons au sujet initial de ce message. Un tableau.

Ce blog littéraire est en train de sérieusement s’éloigner de son thème principal. ^^’’

Et je m’en fiche complètement. :P

 

Ma prof de latin avait demandé à trois de ses élèves, dont moi, qui faisaient l’option HDA (Histoire Des Arts) de faire l’analyse d’un tableau. Elle avait choisi quelques tableaux, on devait élire une ou deux toiles chacune et préparer un petit exposé, séparément ou toutes les trois. Toutes ces peintures  représentaient le mythe de Médée, car nous étudions la tragédie de Sénèque.

Bon, petit rappel de l’histoire de Médée, pour mieux comprendre :

Les Argonautes, menés par Jason, sont à la recherche de la Toison d’Or. Ils débarquent en Colchide, et se font jeter par le roi Aiétès, le Gardien de le Toison. Mais sa fille Médée la magicienne tombe amoureuse de Jason et l’aide à voler le trésor (dragon, flammes, onguent, pierre magique, dents qui se transforment en soldats, etc… c’est long à expliquer). Pour la remercier, Jason l’épouse et s’enfuit avec elle. Pour empêcher son père de les poursuivre alors qu’ils sont sur le bateau, Médée découpe son propre frère Absyrtos en morceaux et jette ces petits bouts de chair dans la mer (charmant, n’est-ce-pas ? J’adore son sens de la famille…). Du coup le roi parcourt la mer pour récupérer son puzzle de fils. Ensuite, ils s’arrêtent en Thessalie, où le trône qui revenait à Jason a été piqué par Pélias. Encore par amour, Médée s’arrange pour que les filles de Pélias le tuent (en leur faisant croire que si elles le mettent dans un chaudron d’eau bouillante ensuite, il va rajeunir… l’intelligence des filles, quoi…). Du coup ils sont chassés par le fils de Pélias, Acaste,et se réfugient à Corinthe où ils ont deux enfants, deux garçons : Phérès et Merméros. Et là, bonheur, famille, etc… La belle vie, quoi. Jusqu’à ce que Jason plaque Médée pour Créuse, la fille de Créon le roi de Corinthe. La magicienne est humiliée, et cherche à se venger. Alors elle tue Créon et Créuse lors du mariage avec Jason, fait brûler leur palais et eux avec grâce à un voile ensorcelé, ou une tunique, ça dépend des versions. Mais non, ça n’était pas assez. Vous savez ce qu’elle a décidé de faire, après, pour faire mal à Jason ? Elle a égorgé ses enfants. Rien que ça. La chair de sa chair, ses deux petits garçons, elle les a tués. Assassinés. Un infanticide. Juste… ça. (le reste de l’histoire n’a pas d’importance pour comprendre ce qui va suivre)

La première fois que j’ai vu une mis en scène de ce mythe, j’ai eu envie de vomir en sortant de la salle de théâtre. Même si la pièce était magnifique et la mise en scène excellente. C’était vraiment trop horrible pour moi. Bon, passons…

J’ai choisi d’analyser le tableau Medea, de Bernard Safran. Et comme mon analyse, avec l’aide de mes deux amies, était pas mal du tout, je voulais vous la faire partager. Ready ? Allons-y !

 

Medea

 

Medea est une huile sur bois, qui mesure 91,4 sur 104,1 cm. Elle a été réalisée en 1964 par Bernard Safran et est conservée à la Fitzgerald Gallery de New York.

Le peintre est né en 1924 et mort en 1995, et est célèbre pour ses portraits dans le Time Magazine. Ce tableau fait partie de ses travaux sur des thèmes bibliques et mythologiques.

 

D’abord, faisons-en l’analyse plastique.

C’est le portrait d’une femme adulte, entre 40 et 50 ans, avec deux enfants, des garçons, assis sur un banc en pierre. La composition est pyramidale (triangle jaune). Le fond représente une prairie et un ciel rempli de nuages. Les enfants sont en chemise et pantalon, la mère porte une robe noire ou bleu nuit et un collier de perles. Les enfants sont blonds, châtains et regardent tous les deux vers la femme (flèches vertes) alors que celle-ci regarde le spectateur (rond rouge). De cette façon, la femme est au centre du tableau, les regards des garçons permettant de se focaliser sur elle en convergeant vers elle.

 

Medea (compo)

 

Ainsi, au lieu d’une famille « antique » correspondant au mythe initial comme dans d’autres tableaux, c’est une famille des années 60 qui est représentée, un peu caricaturée. Les enfants sont cependant plus intemporels que la mère qui, elle, se classe facilement dans cette époque.

Les couleurs sont ternes, peu vives, le blanc des chemises ressort, et la robe noire capte la lumière et donc attire l’attention au centre du tableau. Le ciel est rempli de nuances, car le soleil se couche, c’est un crépuscule. Il y a un contraste important entre la robe noire et les chemises blanches. L’aura orange qui entoure les personnages est complémentaire par rapport au ciel gris-bleuté (note : pour ceux qui ne sauraient pas, en peinture, le bleu et le orange sont complémentaires, ainsi que le jaune et le violet, et le vert et le rouge).

La lumière est étrange dans le ciel : autour des personnages, le ciel est sombre est orageux, alors que juste derrière eux il est clair et lumineux. Il semble les entourer d’une sorte d’auréole. Sur les personnages, la lumière vient du côté gauche, éclaire le visage des enfants mais laisse une partie du visage de la femme dans l’ombre. On note aussi l’aura lumineuse et orangée qui les enveloppe.

On peut aussi relever une perspective atmosphérique, c’est-à-dire que plus les objets sont éloignés dans le tableau, plus ils paraissent flous : c’est la technique du sfumato, utilisée notamment par Léonard de Vinci pour sa Joconde. Il y a un travail d’ombres et de modelé sur les visages.

Au niveau du mouvement, on le retrouve surtout dans les formes tortueuses des nuages : il est donc très présent en arrière plan, alors que le premier plan est posé, statique.

 

Maintenant, commençons l’interprétation.

On identifie rapidement la femme comme Médée, et les deux garçons comme les enfants qu’elle a eus avec Jason, grâce au titre.

On comprend alors qu’elle s’apprête à les tuer tous les deux. Son regard est froid, indifférent, résigné. La partie de son visage dans l’ombre a un côté effrayant. De plus, elle a les yeux fixés sur nous, pas sur ses enfants. On peut l’interpréter comme un refus de les voir avant qu’il meurt. Elle préfère affronter notre jugement, n’a pas peur d’être jugée pour ses actes, elle est plus effrayée de faillir et de ne pas pouvoir aller jusqu’au bout.

Il y a un certain malaise car elle nous regarde. En effet, dans tous les tableaux, un personnage qui regarde le spectateur est perturbant (et parfois fascinant, comme La Joconde).

Médée tient ses enfants dans ses bras, mais ça ne semble pas être une étreinte maternelle : on dirait plus qu’elle essaye d’empêcher leur fuite.

La position des enfants, tournés vers elle, suggère une sorte d’attente, d’espoir, mais celui de gauche semble résigné. On peut se demander s’il a compris ce qui allait lui arriver.

La chemise blanche des enfants suggère l’innocence, et leurs cheveux clairs peuvent faire soit référence aux chérubins, aux anges, soit à l’ascendance divine de leurs parents. A l’inverse, la robe sombre, bleu-noir, de Médée suggère la mort, le désespoir. Le ciel orageux et l’aura orangée présage un malheur à venir. On peut assimiler le crépuscule comme la mort des enfants, le « soir » de leur vie. Le ciel sombre est rappelé sur la robe de Médée, elle donc actrice de cette nuit qui tombe.

C’est aussi une Médée moderne qui est présentée ici, qui peut symboliser toutes les mères coupables d’infanticide.

Le geste qu’elle s’apprête à faire semble plus horrible encore car elle nous semble plus proche de nous que le personnage de la tragédie, plus « humaine ». En effet, rien ne suggère non plus qu’elle soit magicienne.

 

En conclusion, cette Médée contemporaine quitte peu à peu son personnage de magicienne épouse de Jason (qui n’est d’ailleurs pas représenté) pour devenir une simple mère. On comprend pourtant à travers le titre et le regard de Médée que sous le visage banal se cache une future meurtrière, et qu’elle s’apprête à assassiner ses enfants.

 

MAIS !!!!

On peut faire une contre hypothèse :

Peut-être qu’ici, Médée ne s’apprête pas à tuer ses enfants mais les a déjà tués, ce qui expliquerait l’aura et l’espace indéfini, étrange.

On peut alors assimiler cet espace de prairie à la Prairie des Asphodèles, une partie des Enfers grecs et romains.

Le regard de Médée exprimerait alors la résignation post-infanticide et non la résignation par rapport au fait de tuer ses enfants.

(après on s’est dit que si on continuait à développer ça prendrait trois plombes du coup on s’est arrêtées là…)

 

Voilà, j’espère que ça n’était pas trop long, je sais que ça peut être fastidieux parce qu’on décrit chaque centimètre carré de l’œuvre (et encore là l’analyse est faite à moitié, on aurait pu faire plus !), mais c’est comme ça qu’on est sensé faire.

Donc, si ça vous a plu ou déplu, n’hésitez pas à me le dire, je pourrais vous faire partager d’autres analyses ou analyser des tableaux pour vous si ça vous intéresse (j’aurais jamais imaginé dire ça un jour x)), sinon je peux me taire aussi, et vous souhaiter de très bonnes lectures, et à bientôt !!!!

TCHUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUSS !!!!! <3

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Commentaires
A
Bonjour Mademoiselle,<br /> <br /> Bravo pour votre analyse très fine et inspirée du tableau de Safran. Et par la même occasion merci d'avoir guidé ma lecture de cette MEDEA. Je l'étudie avec mes élèves en résonance avec la Médée furieuse de DELACROIX.<br /> <br /> Au plaisir de partager avec vous d'autres lectures<br /> <br /> Thibaut<br /> <br /> Professeur agrégé de lettres
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S
Mais ARRÊTEZ DE ME DEMANDER MON AUTORISATION !!!!! :lol:<br /> <br /> Trop bien l'Irlande, j'ai déjà vu des photos, ça a l'air magnifique. J'irais voir très vite tes poèmes, écris en Irlande en plus je sens que ça va me plaire !<br /> <br /> Je ne connaissais pas du tout ce tableau (en même temps, je ne connais pas du tout la peinture) mais je l'ai trouvé intéressant parce que j'aime beaucoup la mythologie. <br /> <br /> Ton analyse est très bien faite, tu avais un modèle pour t'aider ? Ca m'a un peu rappelé l'histoire des arts... En tout cas je trouve que c'est une très bonne idée et je t'encourage à continuer (surtout pour réhausser un peu mon niveau désespéré en peinture...^^).<br /> <br /> <br /> <br /> PS : J'ai posté un petit message pour vous (mes lecteurs ^^) dans les commentaires de Nos étoiles contraires, avec quelques explications.
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V
Coucou,<br /> <br /> <br /> <br /> Tes vacances ont l'air de bien s'être passées !<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi faut-il demander l'autorisation d'Aristed ? Parce que sinon je vais le faire de suite, (lui la demander) étant donné que j'aimerai aussi critiquer Nos étoiles Contraires. <br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, je trouve que tu as fait une très belle analyse du tableau avec tes copines bien sûr. Comme tu peux le savoir, je ne suis pas passionnée des tableaux donc cela ne me fait ni chaud ni froid. Tu as du talent, alors continue c'est ce que je pourrai te dire...<br /> <br /> Moi, vraiment je m'intéresse pas trop à ça, je pense que je n'ai jamais été intéressé par les travaux manuels... Mais bon l'année dernière en sixième nous avons du faire l'analyse d'un tableau pas aussi complexe bien sûre... Et mon prof de français a quand même dit à mon papa, que j'avais fait la meilleure analyse de toutes les sixièmes ! :-) <br /> <br /> <br /> <br /> Pour le blog, tu sais moi il est censé être sur la scoliose mais j'y parle un peu de tout !<br /> <br /> <br /> <br /> A plus...
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Y
Je n'avais jamais entendu parler de ce tableau et j'ai trouvé votre analyse très intéressante et très bien rédigée. Et oui, cette analyse d'un tableau m'a bien plu!
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