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Les petits bouquins d'Hime-Chan
1 mars 2015

"Le Garçon qui Voulait Courir Vite" de Pierre Bottero

Le garçon qui voulait courir vite

J’ai déjà évoqué sur ce blog toute l’admiration que je porte à Pierre Bottero, et tout ce qu’il m’a apporté au fil de mes lectures. C’est mon auteur préféré, il n’a pas encore été détrôné malgré d’excellents romans que j’ai pu dévorer ces dernières années de lycée. Il garde la première place, pour l’instant en tout cas, et je pense qu’il la gardera longtemps.

L’écriture de P. Bottero est une des raisons du véritable culte que je peux sembler lui vouer. Sa plume, aussi simple que belle, poétique et sensible, a su éveiller en moi et en beaucoup d’enfants et d’adolescents, le goût des mots. Des phrases qui ne veulent pas seulement raconter quelque chose, qui sont aussi là pour résonner, pour s’envoler dans l’air, toutes chargées de sonorités et de musique. Je pensais que ce rôle était réservé à la poésie. Je me trompais.

Mais  cet  écrivain est aussi devenu maître dans l’art de narrer des histoires, et de nous livrer des mondes riches, des personnages attachants, des scénarios complexes et passionnants. Je ne peux que vous conseiller toute son œuvre de fantasy, « Le Pacte des Marchombres » étant, à mes yeux, son chef d’œuvre. Les subtiles références et mises en abîme qu’il a glissé tout au long des trilogies forment une toile fascinante, tellement bien pensée que je me suis retrouvée à trépigner devant mon livre quand j’ai compris ce qu’il préparait. Je vous encourage à aller lire tout cela, n’ayant pas vraiment l’envie de vous gâcher le plaisir par mes bavardages.

Cependant, il m’a fallu un moment avant de m’éloigner de l’univers héroïc-fantasy de Gwendalavir (et autres) et de me pencher vers les œuvres plus réalistes de celui que je nomme mon maître. D’abord réticente, car profondément attachée à la magie et aux ambiances médiévales typiques de mes lectures collège, je me suis décidée un jour, l’année dernière. J’ai demandé à mon frère d’emprunter « Le Garçon qui voulait courir vite » au CDI de son collège. Ah oui, parce que celui de mon lycée est désespérément vide d’auteurs comme Bottero, Mourlevat, De Fombelle… La documentaliste m’a très gentiment fait remarquer, quand je lui ai proposé de tels écrivains, qu’ils étaient plus destinés à des lecteurs de niveau collégien. Je ne suis pas totalement d’accord avec elle, mais j’ai compris et accepté son argument. J’ai donc été très surprise (pas vraiment en bien) lorsque j’ai vu que la série « Twilight » de Stephenie Meyer figurait sur les étagères dans sa totalité…

Bref, ce n’est pas le sujet de cette chronique, même si j’aurai l’occasion de revenir sur la lecture jeunesse dans un prochain article. Donc ! Me voilà prête à me lancer dans ce petit roman (157 pages dans l’édition que j’ai sous la main, et c’est écrit gros) dont le résumé présageait déjà de bons moments en perspective. Je vous le donne ici, je le trouve court et efficace :

« Debout derrière la grille de l’école, Agathe regarde son frère. Jules ne dit rien, il semble perdu et Agathe en est malade. Depuis l’accident de voiture de leur père cet été, Jules ne parle presque plus et court de moins en moins bien… comme s’il avait perdu l’usage de ses jambes. Qui rendra à Jules sa joie de vivre ? »

(éditions Flammarion jeunesse)

Je doutais de retrouver l’écriture et la poésie du « Pacte des Marchombres », mais j’étais prête à laisser de côté mes expériences précédentes pour savourer pleinement ce roman. Surtout que l’histoire avait l’air vraiment bien. Alors bilan ?

Wow. Tout simplement wow. Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Cet homme est un génie.

C’est un tout petit roman. On ne suit Agathe et Jules que sur une toute petite partie de leur vie. Mais on en apprend tellement, tellement sur les relations humaines, sur les sentiments, sur la vie.

Alors non, pas de grandes aventures, de prophéties, de pouvoirs magiques, de batailles épiques, de chevauchées sauvages ou de poésie tracée au sommet de tours de cristal. Rien que des enfants qui grandissent pas à pas, des gens qui font leur deuil, nouent des amitiés, en conservent certaines, en oublient d’autres, se saluent ou s’évitent, se consolent ou se heurtent, s’aiment ou se détestent. Juste des personnes qui se croisent et choisissent de faire un bout de chemin ensemble, parce qu’après tout, on a plus chaud au cœur quand on se tient près des autres.

C’est plein d’émotions, de doutes, de réflexions. C’est une vie quotidienne, banale, malgré tout, même si la mort du père d’Agathe et de Jules a tout bouleversé. Il faut réapprendre à vivre. Et à courir.

Pierre Bottero nous prouve encore une fois quel talent il a, mais aussi combien il comprend les gens qui l’entourent. C’est un homme dont je suis certaine de l’immense empathie. Peu de personnes décrivent aussi bien et aussi simplement ce que peut représenter la perte d’un être cher, la reconstruction, les difficultés de la vie, mais aussi ces petits bonheurs qui font toute sa beauté. Chaque personnage raisonne différemment, chacun à son histoire, et tous apportent aux autres mais aussi au lecteur.

J’ai ri. J’ai pleuré. J’ai été en colère. J’ai été touchée. Quand j’ai relevé le nez, quand je suis sortie de mon fauteuil pour poser le livre sur mon bureau, j’ai caressé la couverture du bout du doigt. Quand je suis sortie dans la rue un quart d’heure plus tard, j’ai regardé autour de moi. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose de changé. Que les gens me paraissaient plus lisibles, plus ouverts. Et puis j’ai compris.

C’est moi qui avais changé.

Merci, Pierre Bottero. Vous faites beaucoup pour moi. Et chaque livre de vous que je lis me fait avancer un peu plus. Vous voyez ? J’ai retenu la leçon de monsieur Ali, parce que je la trouve magnifique. Je parle de vous au présent.

Et puisse le temps ne jamais vous effacer dans le cœur de vos lecteurs.

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Commentaires
S
Effectivement, c'est une chronique magnifique est très émouvante. Qui ne ment pas. C'est assez rare, tout de même... <br /> <br /> J'ai peur de lire d'autres livres de Bottero destinés à un public plus jeune de peur d'être déçu. Mais tu m'as très bien persuadé du contraire.<br /> <br /> Alors merci, quand même, et surtout bravo. Continue à écrire, à raconter des histoires, à faire part de tes impressions, c'est toujours le même régal. ;)
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P
Aaaaaaaaaarg !!!!!!!!!!!! je coure ! Moi, j'ai écrit je courre ? J'ai voulu fair ela maline, oui !<br /> <br /> <br /> <br /> --" désolé !
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P
Si c'est possible, je trouve le commentaire aussi touchant que le post, n'en déplaise à ma cousine ! Avec toute l'empathie que j'éprouve celle ci, ces compliments me remplissent de joie.<br /> <br /> <br /> <br /> Moi non plus je ne suis pas aussi amoureuse de Bottero que l'est Hime Chan, et le pacte des Marchombres n'est pas mon oeuvre préférée, mais cette partie de l'écriture de Bottero que tu décris (je change d'interlocuteur) très justement est celle que je préfère. <br /> <br /> <br /> <br /> Aussi, je "courre" trouver le Garçon qui Voulait Courir Vite" à la bibliothèque.
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V
Wow. Tout simplement wow.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai commencé à lire ta critique dans le salon et j'ai vu que c'était un livre de Pierre Boterro. Alors je suis partie dans le bureau et je me suis enfermée à clé. Pourquoi ? Parce qu'il y avait du monde dans le salon et j'ai senti, que comme à chaque fois que je vois une de tes chroniques sur un livre de Pierre Bottero, j'allais être émue. J'allais avoir les yeux mouillés. <br /> <br /> Non pas que j'ai honte de pleurer à cause de magnifiques paroles. Mais je ne voulais pas devoir expliquer cette cause à mes parents qui m'auraient regardés<br /> <br /> . Ou pire. Mon frère -totalement indifférent à l'écriture- qui se moquerait de moi. Je ne voulais pas être assaillie de questions. <br /> <br /> <br /> <br /> Et puis c'est arrivé. Au milieu comme à la fin. Des larmes ont goutté. A chaque fois, que tu parles d'un livre de pierre Bottero, on sent que tu lui voues un profond respect, une grande admiration. Ce que je trouve encore plus beau, c'est que tu lui parles. Et tu nous laisses partager ce merveilleux moment avec toi.<br /> <br /> J'ai été contente d'avoir quitté le salon. J'ai eu l'impression qu'on était dans un magnifique endroit, tous les trois. Que tu lui parlais. Qu'il t'écoutait et souriait à chacune de tes belles phrases. Et moi, j'écoutais.<br /> <br /> <br /> <br /> Bottero est un excellent auteur. Je ne suis pas aussi "fan" (excuse moi le terme un peu familier) de lui que toi, mais je le respecte. Pour ce qu'il fait (c'est dur d'essayer de parler au présent). Son univers est magique et j'ai été très marquée par "Le Pacte des Marchombres". Il faudrait que je le relise.<br /> <br /> <br /> <br /> "Et puisse le temps ne jamais vous effacer dans le cœur de vos lecteurs."<br /> <br /> C'est une très belle phrase. C'est grâce à des lecteurs comme toi, Hime-Chan, qu'il sera toujours dans le coeur de ses lecteurs.<br /> <br /> <br /> <br /> Ta critique est très belle, je vais me procurer ce livre. Tu peux en être certaine.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis désolée pour la longueur de ce commentaire. Mais j'en avais terriblement besoin. Tu m'as fait voyagé dans un univers que je ne connaissais pas. J'avais besoin de te remercier pour cela. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Victoire3
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