Les Défis Fabuleux et Frappés des Funambules Calligraphes #5
Après cette très longue pause, revoilà les Défis ! Allons-y !
Ma très chère duelliste Tisama a tenté une feinte magistrale cette fois-ci, un thème des plus... éculés ! Première rencontre... Mais j'ai déjoué ses plans ! Ce n'est pas le texte donc je suis la plus fière, mais il me plaît bien.
Le cinquième défi de ma fourbe amie <3 ICI !
Première rencontre
Myriam s’accroche à sa main et la serre terriblement fort. Haletante, le souffle entrecoupé de gémissements de douleur, elle broie les doigts de Gabin et lui ne peut rien faire pour la soulager. Il voudrait pouvoir la relayer, prendre sa place ne serait-ce qu’un instant ! Mais ce n’est pas un combat qu’il peut mener. Tout ce qu’il peut faire, c’est attendre et la laisser exorciser la souffrance en écrasant sa paume.
« Ca va aller, tu vas y arriver ! » l’encourage-t-il.
Il essuie tendrement et non sans inquiétude la sueur qui perle sur son front. Sa peau d’ébène d’habitude douce et lisse se tord de grimaces au rythme de ses efforts. Inspirer, bloquer, pousser. Inspirer, bloquer, pousser. Encore, et encore, et encore…
Il est mort de peur. Pour elle, pour lui, pour eux et pour ce petit humain qu’ils vont accueillir. Tout lui est inconnu dans cette situation et il a l’impression de ne plus rien contrôler.
C’est l’effervescence dans la salle d’accouchement. Les sage-femmes s’affairent et remplissent l’espace de leurs mots d’encouragement. Le silence n’a sa place nulle part et surtout pas dans la tête de Gabin. Les idées fusent, il ne parvient pas à couper leur fil infernal. Un instant, rien qu’un instant de répit…
Et puis il y a comme un éclair, une explosion, un tremblement de soulagement dont Myriam est l’épicentre. Un silence glacé, pesant, s’abat soudain autour de lui. Il retient son souffle. Pourquoi le silence ? Ce n’est pas normal ! L’angoisse forme petit à petit une enclave tenace dans son estomac. Panique sourde, étouffée, qui fait battre le sang trop fort à ses oreilles.
Soudain, un cri libérateur brise la chape de silence. Myriam esquisse un sourire épuisé. Le voilà enfin. Un sage-femme le confie doucement à sa mère. Car oui, la voilà mère !
Gabin, lui, est complètement perdu. Ses mains tremblent, de peur, d’émotion, il ne sait que faire. Elle l’a lâché, et maintenant il a l’impression de se noyer. Il se sent de trop, exclu, incongru, face à un enfant blotti dans les bras de sa mère. Alors elle lève les yeux vers lui et murmure :
« Tiens. Prends-le. »
Il est si léger et si lourd à la fois. Son minuscule corps enveloppé de blanc se tortille contre lui. Il appuie sa douce chaleur contre son coeur, comme une flamme d’espoir nouvelle. Regard azur, immense, infini. Il s’y perd. Quelque chose dans la forme de son front, dans la petitesse de ses poings serrés, lui rappellent Myriam mais il a aussi les fossettes de Gabin. Sa peau café au lait paraît si fragile. En fait, tout ce petit être paraît si fragile. Ce petit garçon encore inconnu qu’il rencontre pour la première fois.
Un bonheur immense l’envahit. Son cœur bat tellement fort, à l’unisson avec celui de son oisillon. Être père pour la première fois et porter dans ses bras son avenir, c’est étrange. Réconfortant et terrifiant à la fois.
Myriam lui sourit et passe une main sur son front.
« Il est beau, hein ? Notre fils. »
Une porte s’ouvre dans la tête de Gabin. Il la franchit sans même un regard en arrière.